Débat Bip Enerpresse : « Actualité réglementaire et hausse des prix : quels enjeux pour les gaz renouvelables ? »

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Alors que la guerre en Ukraine rebat les cartes du secteur énergétique sur la scène internationale, « la décision de Bruxelles de remplacer le plus rapidement possible le gaz russe donne un éclairage nouveau sur la filière des gaz renouvelables, qui peut répondre à la fois aux objectifs de la transition énergétique et renforcer la souveraineté énergétique de l’Union (européenne). Dans le cadre du nouveau plan REPowerEU, qui vise à « promouvoir et à soutenir un des objectifs majeurs de l’UE : la réalisation du pacte vert pour l’Europe [Green Deal] et la transition énergétique », la filière des gaz et biogaz liquides, « engagée elle aussi dans le développement de gaz renouvelables, le biopropane, du bio-isobutène et le rDME » a un rôle essentiel à jouer. C’est ce qu’a rappelé Joël Pedessac, DG de France Gaz liquides, lors de la table ronde BIP Enerpresse « Actualité réglementaire et hausse des prix : quels enjeux pour les gaz renouvelables ? » aux côtés d’Ines Bouacida, Chercheuse Énergie-Climat chez IDDRI, de Galin Gentchev, Chargé de politiques publiques et Directeur Général Énergie au sein de la Commission Européenne et de Thierry Chapuis, Délégué Général de l’Association Française du Gaz.

 

« La crise actuelle nous impacte aussi, mais moins que d’autres énergies, car le marché français du butane, propane et GPL n’est pas dépendant du marché russe », indique Joël Pedessac, soulignant également que « dans le contexte de hausse des prix des carburants, le GPL est une bonne alternative au gazole et à l’essence ». En effet, avec un prix au litre inférieur à 1€, un prix d’achat des véhicules GPL similaire à celui des véhicules essence et sa classification Crit’Air 1 qui lui permet de rouler en toute circonstance, même en cas de restriction de circulation et dans les Zones à Faibles Émissions-mobilité (ZFE), le GPL rencontre un engouement qui se ressent sur les ventes, en forte hausse depuis des mois.

Le propane, en revanche, doit encore faire entendre sa voix face à l’électrification des usages prônée par le Gouvernement.  « Substituer du fioul par du gaz qui soit propane ou du gaz naturel, c’est gagner immédiatement entre 30 à 40 % d’émissions de CO2 en restant sur du fossile. Si le gaz est renouvelable, on gagne 80 à 90% de CO2, en sachant que c ‘est la même chaudière qui va fonctionner avec ce gaz », explique Joël Pedessac.

 

« Tout l’enjeu pour la filière est donc d’accélérer sa transition vers les biogaz, ce qui demandera des investissements conséquents. Mais si, effectivement, les gaz liquides peuvent séduire par leur compétitivité-prix, encore faut-il que les consommateurs connaissent leur existence. Et c’est tout le débat autour d’un article de la loi Climat & Résilience qui entend interdire la publicité pour les énergies fossiles. Or, la production de biogaz liquides ne représente aujourd’hui que 1% des volumes vendus quand le seuil fixé par la loi autorise la publicité pour les énergies décarbonées à hauteur de 50 % », mentionne Anne-Marie Kopanski, Rédactrice en chef du BIP. « L’enjeu climatique et sociétal passe par la décarbonation de l’énergie et donc le développement des biogaz », poursuit le Directeur Général de France Gaz Liquides, qui explique  qu’« il existe plusieurs technologies pour créer du biogaz liquide : le biopropane, coproduit du biodiesel ou de biokérosène, produit dans des bioraffineries avec des huiles végétales ou animales, est déjà produit nationalement à la Mède, et d’ici 2024 à Grandpuits ; le biobutane est créé via la fermentation de matières organiques, comme le fait Global Bioénergies, qui crée ainsi de l’isobutène ; le Dimethyl éther renouvelable (rDME), enfin, dont les caractéristiques sont proches du propane et du butane, est créé à partir de déchets et peut être produit dans des usines dédiées ». Des technologies que la filière souhaite développer pour atteindre les 100% renouvelables à l’horizon 2050, et contribuer ainsi à la diversification et au verdissement du gaz comme à la souveraineté énergétique de la France.

 

→  Envie d’en savoir davantage sur la table ronde ? Vous pouvez consulter le résumé des échanges ici !